Il y a environ 12 ans, je suis allée à une sortie en weekend avec des amis et collègues de travail. Pour ceux qui connaissent la Guinée, c’était aux cascades de la Soumba à Dubréka. C’était au mois de Septembre, quelques jours seulement après mon anniversaire. La saison des pluies était toujours en cours, du coup les chutes étaient encore bien remplies. Pour ceux qui connaissent, c’est juste époustouflant de beauté les cascades pendant la saison des pluies, mais ça reste aussi très dangereux. A l’époque j’étais encore un peu jeune, et donc certaines sorties n’étaient pas forcément déclarées auprès des parents, hahaha. Ce jour-là donc, j’allais tout simplement passer la journée chez ma tante (bon c’est ce que j’ai dit à mes parents qui vont surement découvrir toute cette histoire la maintenant).
J’ai failli me noyer ce jour-là, car je ne savais pas nager. Je ne sais pas vraiment comment cela s’est produit, les choses se sont passées très vite. Une minute je m’amusais dans l’eau avec un ami, puis l’instant d’après, mes pieds ont glissé et je suis tombée dans une partie plus profonde. C’était si profond que je n’avais plus pied. Alors, j’ai commencé à boire de l’eau ; beaucoup d’eau. J’essayais en vain de garder la tête hors de l’eau pour pouvoir respirer. Mon ami qui était bon nageur a essayé de me sauver, impossible. Je bougeais trop, mes jambes, mes bras. Je me débattais pour me sauver et il n’arrivait pas à m’attraper. J’ai commencé à être emportée par le courant trop fort pour mes jambes et bras inexpérimentés. À ce moment-là, j’ai pensé que c’était la fin, je pensais à ma mère et à quel point elle serait dévastée. Soudain, j’ai senti quelqu’un me tenir, puis une autre paire de bras autour de ma taille me tirant avec eux. Il a fallu deux personnes pour me sauver ce jour-là. J’ai appris plus tard que mon ami avait réussi à appeler à l’aide. En outre, dans sa tentative désespérée de me sauver, il a failli se noyer lui aussi. Les minutes qui ont suivi sont floues. Je me souviens d’être entourée par d’autres amis et des personnes que je ne connaissais pas, voulant s’assurer que j’allais bien.
Ma première réaction après cette expérience était que plus jamais je n’approcherais une chute d’eau ou quelque autre endroit avec de l’eau en fait. C’est mort, fini. Normal, j’étais encore sous le choc. Mais, plus j’y pensais, plus je me rendais compte que c’était une erreur de fuir quelque chose qui me faisait peur. Mes amis ont essayé de me convaincre que c’était une occasion d’apprendre à nager. Après de longues hésitations, j’ai décidé d’essayer. Je me souviens qu’un ami à l’université me disait toujours de ne jamais avoir peur de monsieur peur (do not be afraid of Mr fear, me disait-il souvent).
Le processus d’apprentissage fut long et ardue, combattre la peur n’a pas été aisé. Décider d’apprendre a été l’une des meilleures décisions que j’aie pu prendre pour moi-même. Quand j’ai commencé les leçons de natation, j’étais terrifiée, mais j’étais déterminée à apprendre. Ce n’est pas parce qu’on décide de faire face à ses peurs que tout roule sans difficulté. Ce n’est pas un chemin facile. Au contraire, c’est une bataille quotidienne, une épreuve continue. Parfois, on doute, on pense qu’on ne peut pas y arriver et on a juste envie d’abandonner. À mon avis, et d’après mon expérience, il est normal de douter tant que cela n’affaiblit pas notre détermination ou ne nous pousse à abandonner.
Après plusieurs semaines d’apprentissage, j’ai réussi à nager. Mais il restait encore à apprivoiser la peur qui me paralysait chaque fois que je nageais vers la partie profonde de la piscine ou je n’ai pas pieds. J’étais submergée par la panique, mes jambes ne bougeaient plus et l’instructeur me tendait la perche pour me sortir de l’eau et on recommençait encore, et encore et encore. Puis j’ai commencé à changer mon dialogue intérieur (à l’époque je ne pouvais mettre pas nommer ce que je faisais). Je me parlais à moi-même dans ma tête juste avant d’aborder la nage dans la partie profonde, je me répétais intérieurement: tu vas y arriver, allez tu ne crains rien ici, tu peux le faire, tu peux atteindre la ligne d’arrivée. Leçon après leçon, je gagnais en confiance, porté par mon dialogue intérieur positif et encourageant.
Et au fil des leçons, ma confiance et mon courage s’était tellement renforcés que je ne pensais plus au fait que je pouvais couler (j’avais déjà intégré que j’étais en zone sûre). J’ai commencé à nager, à faire des longueurs sans avoir besoin que mon instructeur me tendent la perche. Plus que jamais, j’étais motivée. J’ai appris la brasse, ensuite le crawl. J’avais pour objectif d’apprendre les deux autres nages à savoir le crawl sur le dos et le papillon (je kiff le papillon, je trouve cette nage tellement puissante sexy), je ne suis pas encore arrivée sur les deux dernières, mais le projet est toujours quelque part en tête.
En gros, ce que j’ai retenu de cette expérience et qui s’est vérifié à travers d’autres exemples c’est que nous devons être nos propres cheerleaders. J’ai aussi expérimenté le pouvoir du dialogue intérieur positif lorsque je dois faire tâches qui me font peur, comme par exemple faire une présentation devant une grande audience. Dès que le trac commence à prendre le dessus, j’active l’auto motivation. Mais à mon avis, la puissance du dialogue intérieur positif doit être soutenue par une étape important qui est: la préparation. Parce que si j’ai une présentation importante à faire et que je ne me prépare pas en comptant sur le pouvoir de mon dialogue intérieur seul, on est bien d’accord que ça ne va pas marcher, non ?
Un dialogue intérieur positif face à une situation de peur ou de doute a le mérite de nous encourager, de nous motiver et de nous mettre un peu plus en confiance. Quelle est la nature de ton dialogue intérieur ? de tes pensées à ton égard? Si tu as tendance à être plutôt du côté négatif, alors il est temps de changer de perspectives et d’adapter ton dialogue de manière positive. Ça t’encouragera à te mettre en action, ce qui contribuera à diluer ta peur au fur et à mesure.
Sans aucun doute, nous avons tous nos peurs, mais la seule chose qui différencie les personnes heureuses ou qui réussissent des autres, c’est leur capacité à avancer malgré cette peur. Cela s’applique à tous les aspects de notre vie et est étroitement lié à notre capacité à rester positifs, déterminés et à réagir face à l’adversité. Je pense que la peur est une opportunité de créer de la puissance en nous. Que ce soit la peur de s’engager dans une nouvelle aventure, la peur d’être seul (e), la peur de commencer un nouveau travail, ou peut-être la peur de parler en public : on peut y travailler, un pas après l’autre.
Quelles sont tes plus grandes peurs ? et Qu’est-ce que ces peurs te coûtent-elles? Tu peux te servir de ton journal ou cahier de note pour mettre sur papier le fruit de tes réflexions. Surtout, souviens toi d’être ton propre cheerleader en soignant ton dialogue intérieur. Allez, je te laisse là et à la prochaine !